un footballeur prometteur, mais en fait non
J'ai toujours eu de la tendresse pour les attaquants inefficaces.
Entendre le son du ballon heurtant les filets, le stade hurlant son bonheur, courir comme un dingue dans tous les sens les bras levés, l'essence même du football, le plaisir ultime dont sont privés les bouffeurs de feuille.
Ceux-là, malgré leurs efforts, ne marquent pas. Titulaires du poste le plus prestigieux de l'équipe ils regardent les autres adulés, auréolés des lauriers de la gloire, quand eux, pauvres vendangeurs, finiront la saison avec trois ou quatre buts dans la besace, hués par leur public, conspués pour leur maladresse, raillés et moqués.
Aux portes de la gloire, ils échoueront finalement de peu à côté, comme leurs tirs. Quel effroyable supplice.
Jean-Pierre François est de cette trempe-là. Baroudeur du football, il aura promené son inefficacité dans le football français, manquant la cible avec la régularité d'un métronome.
Né le 7 juin 1965 à Pont-à-Mousson en Meurthe-et-Moselle, Jean-Pierre François comprend d'emblée que sa vie de footballeur ne sera pas un long fleuve tranquille. Blénod, son premier club, ça ne fait pas vraiment rêver. A force de volonté le club parvient à s'extirper du monde amateur et réalise une saison en D2 en 1982-83. Jipé jouera 18 match mais affolera plus les supportrices que les filets adverses puisqu'il ne marquera qu'un seul but.
Avec un avant-centre de ce calibre, on ne s'étonne pas de voir Blénod quitter la D2 et JP se voit de nouveau plongé dans l'enfer du monde amateur.
Tenace, il rejoint la troisième division et le Dijon FCO à l'aube de la saison 1985-86. S'ensuivent deux saisons sans relief à l'issue desquelles il sera étrangement recruté par l'AS Saint-Etienne, les Verts cherchant sans doute un attaquant aux pieds carrés pour l'exercice 1987-88. Coup de bol, le club réalise cette année-là sa meilleure saison depuis longtemps, terminant 4ème de la 1ère division. Pas de bol, Rahan cire le banc, n'entre que 5 fois en jeu en championnat (0 but), une seule fois en coupe (0 but aussi), 0 + 0 la tête à toto JP a raté l'occasion de faire carrière en D1.
Exilé en Suisse, au FC Bâle, Gueule d'amour ne s'intègre pas au football suisse et retourne à Dijon pour la saison 1989-90. Déjà star du showbiz, JP se voit attiré dans ce club par un président flairant le bon coup médiatique. C'était compter sans l'inefficacité proverbiale de notre survivant. Raté.
Jean-Pierre François restera tout de même le joueur le plus célèbre à avoir porté la tunique jaune du DFCO.
Une photo de JP à Blénod en 1982, une autre à Dijon c'est là : http://www.oldschoolpanini.com/2011/01/les-tresors-de-la-d2-jean-pierre.html
